L’honorable Mustapha Berraf, Membre du Comité International Olympique et président de l’ACNOA parle de sa vision des enjeux du mouvement Olympique et sportif africain au regard des futures échéances importantes.
1- Mustapha BERRAF, vous êtes le président de l’ACNOA et membre du CIO, l’un des hommes les plus influents dans le mouvement sportif en Afrique ; Comment voyez-vous le sport Africain ?
Je voudrais avant tout souhaiter aux populations africaines et en particulier à la jeunesse tous mes vœux de santé et de bonheur pour l’année 2021. Je dois vous dire par devoir de vérité que nous sommes en face de certains dysfonctionnements qui ne servent pas le sport Africain, ses élites et ses talents car on peut sans démagogie affirmer que nous disposons d’un énorme potentiel de champions émérites mais qui malheureusement sont inexploités.
2- Qu’entendez-vous par dysfonctionnement et inexploités ?
Je crois que le dernier des experts peut vous renseigner sur le sujet, quant à moi je pense qu’il est temps de mettre en place une véritable politique sportive continentale doublée du plan stratégique de développement à moyen et à long terme que nous avons élaboré. Cela s’entend d’abord par une véritable toile d’araignée pour la détection des jeunes talents et leur éclosion au niveau continental et mondial. Un programme pluriannuel doit d’une part adapter le perfectionnement de nos encadrements aux normes internationales et d’autre part mettre tous les moyens à disposition pour la formation des athlètes d’élites et assurer à l’Afrique la meilleure représentation.
3- L’Afrique sous-estime t’elle les effets du sport sur la société ?
Bien au contraire, chez nous le sport est incontournable Le domaine du sport et du développement correspond à l’utilisation du sport comme outil au service du développement et des processus de paix. Le sport est de plus en plus reconnu en Afrique comme un moyen pour atteindre des objectifs, personnels, communautaires, nationaux et internationaux et utilisé pour répondre à des nombreux défis, tels que des crises humanitaires ou en période conflictuelle ou post-conflictuelle. Son utilisation devenant de plus en plus importante, il convient de développer un cadre d’action bien défini qui nous évite tout dépassement. Le sport reste pour les jeunes la seule distraction dans les quartiers populaires
4- Revenons à l’ACNOA que vous dirigez ?
Certainement pas, ce qualificatif est totalement inadapté, je suis le président élu par mes pairs des 54 pays africains et je leur voue un respect absolu et je puis vous dire que c’est réciproque. Je suis attentif à leurs observations, à leurs recommandations et à leurs doléances car c’est eux qui m’ont choisi. Notre gestion est collégiale et notre gouvernance est participative. Nous œuvrons ensemble pour l’intérêt général et nos priorités vont aux athlètes. Il existe aujourd’hui au sein du Mouvement Olympique Africain une grande cohésion et une excellente visibilité. Nous sommes ensemble pour exécuter un plan d’action voté par notre assemblée générale.
5- Etes-vous candidat à un deuxième mandat à l’ACNOA ?
Je le serais si Dieu le permet et ce sera probablement le dernier car cette haute fonction nécessite beaucoup d’efforts et de disponibilité et nous réfléchirons avec les CNO africains à une transition sereine et perspicace pour le reste à venir. Je suis conscient qu’un jour ou l’autre il faudra quitter la grande maison du sport que j’ai tant aimée.
6- Et le COA ?
Le COA est entre de bonnes mains et je serai toujours disponible pour tout soutien ou apport en faveur de notre organisation, des athlètes algériens et des techniciens qui pour la plupart d’entre eux ont de très grandes capacités. Je leur souhaite la réussite mais je leur recommande de travailler plus.
7- Vous avez fait l’objet de beaucoup d’invectives de la part de certains dirigeants ! Qu’avez-vous à leur dire ?
Je leur pardonne et les laisse seuls avec leur conscience. L’opinion publique Algérienne et Africaine sait reconnaitre le bon grain de l’ivraie. Les ambitions des uns et des autres sont légitimes mais elles ne doivent en aucun cas reposer sur le mensonge et l’invective car la vérité finit toujours par triompher. Il faut dans certains cas qui créent des complications à notre cher continent savoir se taire. J’ai gardé des années passées à travailler dans les structures de l’Etat le sens du devoir et l’obligation de réserve.
8- Vous avez soutenu l’organisation des Jeux Olympiques de TOKYO !
Effectivement et je ne suis pas le seul ; tout le mouvement olympique et sportif africain s’est tenu comme un seul homme aux côtés du CIO et des Autorités Japonaises en ces douloureuses circonstances. Je ne suis que l’interprète de la position et la volonté des CNO Africains. Nous arriverons à surmonter tous les aléas de cette pandémie car l’humanité comme l’a si souvent répété le président du CIO, doit sortir de ce long et terrible tunnel.
9- Vous avez affirmé que l’ACNOA s’impliquerait dans la fourniture de vaccins pour les délégations africaines !
Laissez-moi vous confirmer que cette mesure ne concernera que les délégations nécessiteuses et que tout se fera en étroite coordination avec le CIO et l’OMS. Le président Thomas Bach et le Premier Ministre du Japon suivent minutieusement toutes les initiatives en rapport avec les Jeux Olympiques. Nous sommes convaincus que toutes les conditions requises seront mises en place pour la réussite du plus grand évènement planétaire.
10- Le mot de la fin !
Mon souhait le plus ardent serait que le mouvement olympique Africain soit un havre de paix et d’unité. L’ACNOA œuvrera inlassablement au service des CNO membres et des athlètes. Notre principal objectif repose sur les principes de solidarité et d’harmonie conformément aux dispositions de la Charte Olympique. Nous veillerons dans cette conjoncture actuelle à préserver la santé chez nos sportifs. J’aimerai enfin rendre hommage à tous les collègues et amis qui m’ont soutenu dans les épreuves difficiles que j’ai subies. Je les remercie tous chacun par son nom.